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coocooner son bébé

12 septembre 2010

Une alternative aux chaussures

Pourquoi des chaussons en cuir souple?


 

Parce qu'ils sont confortables:

Le cuir souple s'adapte aux petits pieds, formant comme une seconde peau. Associant les atouts du cuir et un système de cheville élastiquée, les chaussons en cuir souple s'adaptent à toutes les anatomies de petits pieds. L'enfant n'a pas les pieds comprimés dans une chaussure trop rigide, il a le même confort que s'il était pieds nus.

 

Parce qu'ils assurent une thermorégulation:

Le cuir est un matériau naturel noble. Il a l'avantage de réguler la température: il maintient les petits pieds au chaud l'hiver, tout en leur permettant de "respirer" en été.

 

Parce qu'ils contribuent à une croissance harmonieuse:

Grâce à leur souplesse, l'enfant a une parfaite sensation du sol sur lequel il évolue. L'avantage est double:

- d'une part, c'est un formidable atout pour l'apprentissage de la marche,  la souplesse des chaussons favorisant les mouvements naturels des pieds,

- et d'autre part, grâce à ces mouvements naturels, la musculature des pieds va se renforcer de manière harmonieuse, sans que les pieds soient contraints dans des chaussures trop rigides ou gênés par une voute plantaire inadaptée.

 

Parce qu'ils sont pratiques:

Ils s'enfilent très facilement, mais paradoxalement les enfants n'arrivent pas à les retirer seuls. Résistants et d'un entretien facile, vous les adopterez vous aussi!

 

Très populaires outre-atlantique, ils le sont aussi de plus en plus chez nous, où de nombreux médecins, podologues et autres professionnels de la petite enfance les recommandent.

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11 septembre 2010

Eduquer sans violence avec respect

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Extrait du dossier "Quelques jalons d'histoire sur les punitions corporelles" rédigé par l'association Eduquer sans frapper

Les vertus éducatives des coups semblent avoir été appréciées de manières très diverses suivants les pays et les époques. Et si on voit cette violence de l'éducation diminuer indiscutablement au cours des siècles dans les pays développés, cela ne se fait qu'avec lenteur et irrégularité avec de périodiques retours en arrière.

De nombreuses études démontrent que les punitions corporelles sont inefficaces et nocives. Il est ainsi prouvé que les fessées sont inefficaces à l'école et que leur suppression n'augmente pas les mauvaises conduites.Un grand nombre d'études mettent en évidence des relations entre les comportements anti-sociaux des jeunes et les punitions corporelles infligées par leurs parents. Par exemple, le pourcentage des crimes commis est doublé chez les fils ayant reçu de fortes punitions corporelles de leur père. En France, une étude menée sur 300 personnes a mis en évidence une relation très forte entre la force, la durée et la fréquence des coups reçus en famille, et le nombre des accidents subis dans l'enfance et l'adolescence. La différence est déjà notable entre les "jamais battus" et ceux qui n'ont reçu que des coups "légers et rares". La gravité des accidents est aussi en relation avec l'importance des coups reçus, les plus souvent battus sont aussi les plus gravement malades. D'autres études prouvent la relation entre violences coprorelles et troubles du comportement. Nombreuses sont celles qui prouvent que les enfants les plus sévèrement punis par leurs parents sont les plus agressifs. Une étude a prouvé chez 933 mères d'enfants de 2 à 14 ans, que plus les punitions corporelles sont utilisées, plus les enfants s'engagent dans des conduites et des actes impulsifs. Chez 807 mères d'enfants de 6 à 9 ans, plus la fessée est utilisée pour corriger des conduites anti-sociales telles que mensonges, agressivité et vols, plus ces conduites sont élevées. D'autres études encore montrent en Suède et aux USA, qu'avoir reçu des fessées augmente le risque de dépression à l'adolescence et à l'âge adulte, et que plus les enfants sont punis, plus ils sont égoïstes et moins ils ont de considération pour les autres. Une étude menée en Suède, sur 10 pays européens, établit un parallèle entre l'approbation de la fessée par les parents (et les enseignants) et le taux d'homicides et d'infanticides. En étudiant les données existantes dans certains pays, on note que plus les sociétés sont despostiques et se maintiennent par la violence et plus les punitions corporelles sont fortes et utilisées à tous les niveaux. La durée et la nature des punitions données dans la famille, à l'école et par les instances judiciaires semblant toujours évoluer en parallèle. Enfin, il n'est qu'à lire Alice Miller et à examiner ses biographies de despotes dont la paranoïa meurtrière a endeuillé le XXème siècle : Hitler, Staline, Céaucescu, Mao Tse Toung pour comprendre la relation entre violence subie et violence donnée.

Les punitions corporelles sont nocives parceque :

  • elles donnent le mauvais exemple de la violence      en disant que lorsqu'on est fâché, on doit frapper
  • elles brisent les autres modes relationnels qui      fonctionnent sur la reconnaissance, l'estime de soi, le plaisir de faire      plaisir, le plaisir de comprendre, celui de pouvoir évoluer et grandir
  • elles interdisent à l'enfant d'avouer des désirs      irrationnels, que le châtiment ne change pas mais ensevelit et qui      resurgiront plus tard
  • elle engendrent l'accumulation de colères et de      frustrations qui risquent d'exploser ensuite dans des actes de délinquance     
  • sur le plan physiologique, elles cassent les      mécanismes automatiques naturels d'adaptation aux situations dangereuses      que sont la fuite ou la protection de soi. Dans ce cas, l'enfant      conditionné bloquera ses mécanismes de défense, se retrouvant en état      d'inhibition, incapable de se protéger efficacement. La décharge de      catécholamines déclenchée par l'inhibition est préjudiciable à certains      organes et favorise la survenue de maladies psycho-somatiques.
  • lorsqu'elles sanctionnent une erreur, les      punitions corporelles entraînent la peur chez l'enfant d'être frappé et      par voie de conséquence, d'entreprendre une action difficile dans laquelle      il risque d'échouer ou de se tromper. Ces apprentissages seront forcément      plus limités.
  • elles n'enseignent à l'enfant qu'une seule chose      : celui qui inflige la punition n'est pas content. Mais la vraie raison du      mécontentement est souvent difficile à discerner par le punisseur      lui-même, et l'enfant n'apprend pas qu'il doit réparer son erreur et      comment le faire.

Certes, on enregistre une évolution notable des moeurs tant familales que scolaires ou judiciaires vers un adoucissement progressif. Mais certaines cultures manifestent encore un attachement bien plus fort que d'autres à des normes éducatives violentes. Ce sont les mêmes qui prônent l'asservissement de certains par d'autres, au sein de régimes totalitaires ou dictatoriaux qui maintiennent souvent un pouvoir discrétionnaire sur les femmes, les enfants et les employés.

Actuellement en France, selon une enquête Sofres de janvier 99, seulement 12,5% des personnes interrogés ayant des enfants ne leur donnent jamais de coups, 33% en donnent rarement et 54,5% en donnent plus souvent. Les plus âgés et les moins diplômés des enquêtés ont été les plus battus dans leur enfance. Ce sont eux qui à leur tour utilisent plus fréquemment les châtiments physiques avec leurs enfants.
Pourtant, dans la masse d'ouvrages consacrés à l'éducation disponibles dans toutes les librairies, aucun auteur ne vante les bienfaits des punitions corporelles que 3 petits français sur 4 subissent régulièrement.

Nombreux sont les parents qui pensent donc encore que les enfants ont besoin de sentir au-dessus d'eux une "autorité" et qu'il et nécessaire de leur mettre des "limites". En effet les limites imposées à nos désirs par les contraintes de la vie en société, familiale ou plus élargie sont incontournables. Chaque famille va donc être confronté à l'obligation d'imposer des limites à ses enfants. Or dans la société adulte les coups sont interdits. Pourquoi donc apprendre à un enfant un mode de relation et de résolution de conflit que la société réprime et sanctionne ? Les limites que donnent les parents sont souvent leurs propres limites de tolérance aux cris des enfants, à leur refus de manger, à leur peur de s'endormir... Ces limites sont inscrites dans l'histoire personnelle des parents. Quand le parent frappe l'enfant, c'est qu'il est arrivé à un seuil de souffrance personnelle, souvent inconsciente, qui se traduit par de la colère et de la violence. Les seules limites dont les enfants ont besoin sont celles posées par un accompagnement sécurisant face aux frustrations inévitables de la vie. Toutes sortes de négociations non-violentes peuvent être engagées avec l'enfant pour l'amener à respecter nos limites et celles que lui poseront forcément ses congénères tout au long de sa vie. Autant l'entraîner dès l'enfance aux méthodes socialement acceptables et respectueuses de lui-même et des autres.
Par ailleurs, les parents jouissent automatiquement et pendant plusieurs années d'une autorité naturelle, de par leur taille physique et psychologique. Nul besoin de violence, des ordres précis et cohérents suffisent à édicter les règles de vie nécessaires. Montrer l'exemple à son enfant d'une écoute ouverte, de notre respect envers lui et envers les autres, de notre esprit de justice, de notre tolérance, de la cohérence de nos exigences, lui permettra de vite nous reconnaître comme un adulte fiable, et lui apprendra à repérer et reproduire les attitudes socialement positives. En manifestant de la violence, le parent montre en fait à l'enfant qu'il doute de son autorité puisqu'il a besoin de recourir à une force qu'il détient si facilement. L'enfant n'a pas besoin d'autorité, mais de pouvoir placer sa confiance en un adulte suffisamment juste et attentif.

En 1979, la Suède promulgua avec une grande longueur d'avance, une loi qui interdisait les châtiments corporels. Pourtant en 1965, cette position n'était tenue que par 53% des suédois, en 1995, 30 ans plus tard, 89% des suédois y étaient favorables (96% chez les moins de 35 ans). Depuis, en Suède, plus aucun enfant n'est mort des suites de violence familiale, le nombre de procès pour violence contre les enfants a diminué, de même que le nombre d'enfants enlevés à leurs parents sur intervention des services sociaux. Entre 82 et 95, les "mesures obligatoires" ont diminué de 46% et les "placements en foyer" de 26%.

Les années 2001-2010 ont été déclarées par l'ONU "Décennie pour une culture de la paix et de la non-violence pour les enfants du monde". A l'orée du troisième millénaire, accordons enfin aux enfants le droit au respect de leur personne. Eduquons les sans violence, ni humiliation, pour rompre enfion le cercle vicieux de la violence, et pour nous donner les chances de voir un XXIème siècle moins meurtrier que celui qui vient de s'achever.

11 septembre 2010

PORTER PEUT ETRE SALUTAIRE

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Willi Maurer, Aranno 27.1.01

Poussés par le vent nouveau de mai 1968, pleins d'idéaux, et réalisant combien les parents étaient isolés et surchargés dans notre société essentiellement tournée vers la compétitivité, nous nous sommes trouvés, un certain nombre de femmes, d'hommes et d'enfants, pour créer une communauté de vie et de travail. Rétrospectivement, je me rends d'ailleurs de plus en plus compte combien les enfants ont été mes meilleurs enseignants. Notre maison était aussi ouverte à des personnes ayant fui les brutalités du Chili, et qui s'étaient réfugiées en Suisse.

Une de ces femmes portait en permanence son bébé tout contre elle. Elle aurait pu employer une poussette que nous lui aurions volontiers offerte, mais elle ne voulait pas en entendre parler. A l'époque, j'ignorais encore les conséquences pour nous, êtres humains, d'être porté ou non. Mais j'étais impressionné par ce que je voyais: le bébé de cette femme participait, éveillé, à ce qui se passait dans son environnement, ne pleurait jamais, et communiquait ses besoins par des mimiques et des gestes qu'elle pouvait immédiatement interpréter. Malgré toute ce vécu de déracinement, une grande paix régnait. Où cette femme trouvait-elle tant de force? Dans le fait qu'elle-même avait été portée lorsqu'elle était enfant?

Intuitivement, les enfants de notre communauté ont réagi à cette manière de faire: les petits comme les grands ont demandé leurs vieux biberons et leurs langes, et ont joué avec des jours durant, prenant tour à tour le rôle de la maman attentive ou du bébé exprimant ses besoins. Se donnaient-ils à ce moment ce dont ils avaient tellement manqué dans leur prime enfance? Dans leur jeu, ils employaient d'abord "comme d'habitude" des petits cris de bébé. Mais le besoin était réveillé chez les autres de se préoccuper avec amour du bébé, comme ils le voyaient chez la maman chilienne, et le silence prenait bientôt place, et on pouvait observer la plus grande satisfaction. C'était impressionnant de voir tous ces enfants en train de téter leur biberon, blottis les uns contre les autres.

Quelques jours plus tard, la maman eut l'occasion d'aller habiter chez des connaissances, et s'apprêtait à prendre congé de nous. Nina, une petite fille qui commençait à peine à parler, nous annonça clairement qu'elle s'appelait aussi Luca (comme le petit bébé chilien), et qu'elle voulait aussi partir. Sa maman, de même que la (nouvelle) maman étaient d'accord, et elle fut bientôt prête, toute fière avec son petit sac contenant son pyjama et son pique-nique. Ce n'est que deux jours plus tard qu'elle appela au téléphone, pour dire qu'elle s'appelait à nouveau Nina, et qu'elle désirait rentrer à la maison. Une fois de retour, elle annonça, triomphante, comment elle avait eu le droit - comme Luca - de téter au sein. Nina bébé n'avait connu que le biberon, car à l'hôpital on avait déconseillé à sa mère d'allaiter. Que Nina ait pu oser quitter sa mère, sans avoir peur d'être rejetée par la suite, m'a paru être le signe d'une relation pleine d'amour. Le fait de voir s'épanouir ces enfants m'a donné l'envie de me mettre à la recherche de mon propre enfant intérieur, que je n'avais alors pas encore trouvé.

Après avoir expérimenté intensément et pendant plusieurs années diverses approches holistiques, j'ai eu l'occasion de créer avec une douzaine de thérapeutes (parfois en devenir), un groupe de recherche et de vie, pour la durée d'une année. Nous étions ensemble chaque jour pendant 6 heures. Pendant quelques périodes intensives de 10 jours, nous étions ensemble 24heures sur 24. Chacun tenait alternativement les rôles de client ou de thérapeute, en engageant sa responsabilité personnelle. Nous avions éliminé tout jeu de pouvoir dans cette démarche. Nous exprimions nos conflits aussi bien de manière émotionnelle que corporelle, et sondions nos sentiments jusqu'à leurs racines les plus profondes, dans la plus petite enfance, la naissance, et la période prénatale. Certaines conventions devaient nous protégeaient de blessures extérieures. Pendant cette période, nous avons fait des découvertes étonnantes: Nous avons en effet constaté que derrière la sexualité telle qu'elle est comprise dans notre culture, se cache quelque chose de bien différent que les jeux de pouvoir et de jalousie. Nous y avons retrouvé entre autres les désirs refoulés de nos bébés intérieurs, de retrouver leur mère. Chez les femmes, ce désir se manifeste la plupart du temps par le souhait d'être tenues dans les bras d'un homme (comme elles auraient souhaité être tenues dans les bras de leur mère). Chez les hommes, on remarque un besoin (souvent violent) de dépasser les limites posées par les femmes. Ils essaient ainsi de camoufler leur impuissance. Impuissance à laquelle ils ne sont d'ailleurs confrontés que lorsque la femme, déçue de leur comportement, se refuse à eux, ou qu'elle se referme. Ils sont touchés par cette douleur (inconsciente) venue de la toute petite enfance, douleur d'être mis à l'écart. Hommes et femmes auraient donc cette possibilité de retrouver leur bébé intérieur, dont ils sont séparés, s'ils ne retrouvaient pas un(e) nouveau(elle) partenaire.

Le tragique de notre destinée, à nous humains, est que nous essayons de compenser cet éloignement forcé de nos sentiments par des tentatives d'explications scientifiques des secrets de la vie. Plus nous nous éloignons de nos sentiments, plus nous en souffrons, et plus nous semblons avoir besoin de croire en des savoirs abstraits. C'est seulement comme ça que l'on peut continuer à séparer les enfants de leur mère, et les mettre à l'écart dans un petit lit, malgré le fait que l'idée des naissances en douceur se répande de plus en plus. Comment se fait-il que ce mécanisme se propage à travers les siècles? Comment se fait-il que les mythes autant que les écrits sacrés, sous forme codée, nous parlent ainsi toujours de la perte de l'unité (le Paradis), et que malgré tout, les références à la conception, à la naissance, et aux premières expériences de vie ne soient pas reconnues comme une recherche intense de cette unité perdue? Selon Franz Renggli, la séparation des bébés d'avec leur mère était déjà un thème principaux dans les mythes de la civilisation des Sumériens, c'est à dire 5000 ans avant Jésus Christ. Comment se fait-il que depuis ces temps immémoriaux, nous ayions toujours tendance à détruire d'abord pour essayer de guérir ou consoler ensuite? Les mythes et les écrits sacrés sont des métaphores, et leur interprétation est influencée par le niveau de connaissance des hommes qui les interprètent. D'où le dilemme: seules les personnes pouvant se mettre à la place d'un nourrisson et de ressentir ce qu'il ressent sont capables de décoder ces histoires dans toute leur profondeur. Sinon, il faut considérer que ce sont des ignorants qui indiquent comment les enfants doivent grandir, et personne ne réalise combien le royaume promis dans la Bible est à portée de main.

D'autres indices pourraient pourtant nous orienter: l'être humain vient au monde pour être porté, comme l'attestent les réflexes d'agrippement chez le nouveau-né. Si son besoin le plus profond, c'est à dire d'être porté contre le corps de sa mère, n'est pas reconnu, son sentiment d'appartenance est à jamais perturbé. On connaît les conséquences sur les mammifères lorsque l'"imprinting" n'a pas lieu, c'est à dire l'imprégnation réciproque par tous les sens de la mère et du nourrisson juste après la naissance: ils ne se reconnaissent pas comme appartenant l'un à l'autre. Dans la plupart des hôpitaux, le personnel soignant recommande encore aux mamans de coucher leur bébé dans un petit lit à côté du leur pendant la nuit, ou même de le laisser dans la pouponnière. Ainsi, la période cruciale de prise de contact sensoriel est dépassée, contact déclenché intuitivement et naturellement chez la mère comme chez le nouveau-né, et qui offre aux deux de la joie et de la sérénité, et qui permet surtout à l'enfant de développer un sentiment de confiance. Plus tard, c'est justement cette confiance saine et profonde qui permettra aux mères de s'affirmer quand des personnes pleines de théories leur diront de mettre leur bébé à l'écart pendant la nuit.
Mais la joie de la maternité peut encore être troublée, lorsque le bébé réveille chez sa mère la douleur, jusque là refoulée, de tout ce qui lui a manqué dans sa propre enfance. C'est une véritable tristesse qui arrive! Cette tristesse demande alors à être vécue, et s'exprime dans les pleurs et dans la rancune. Mais elle amène aussi à reconnaître son propre petit enfant intérieur, qui voudrait autant être reconnu et accueilli que l'enfant qui vient de naître. Les mères qui ne sont pas soutenues dans cette période, ou qui résistent contre ces sentiments de profonde tristesse, vivent souvent une dépression postpartale (la science officielle n'a jusqu'à aujourd'hui pas réussi à trouver une explication satisfaisante à ce genre de dépression). Quand le travail de deuil de la mère (et du père, qui autrement se pose en rival avec le bébé) n'a pas lieu, le nouveau-né est alors considéré comme un fauteur de trouble dans la relation du couple. Alors, le bébé va exprimer ses besoins sous forme de pleurs (ce qui est surnommé par la science officielle impuissante "les coliques des 3 premiers mois"), et va rapidement submerger ses parents. Dans leur détresse, ceux-ci vont avoir tendance à se rabattre sur le moyen le plus destructeur qui permet depuis des millénaires à cette calamité de se transmettre de génération en génération: mettre à l'écart le berceau du bébé dans une chambre, pour enfin avoir la paix. C'est ainsi que la plupart des gens de notre culture portent inconsciemment en eux la peur d'être, abandonné. Ce sentiment d'abandon est d'ailleurs adouci dans notre culture par des produits de remplacement: tout d'abord la sucette, le biberon, les jouets; plus tard les sucreries, le tabac, les stupéfiants et autres produits addictifs, de même que des habitudes de consommation excessive, de mode, de vacances éloignant de la grisaille quotidienne.

La folie de la mobilité reflète cette situation particulière car elle permet de fuir l'ici et le maintenant, dans lesquels ce vieux sentiment d'être abandonné refait surface. De même ce besoin de posséder, dont les dirigeants et autres économes sont persuadés qu'il est inné chez l'être humain, et qui, dans le monde des shareholders et autres acteurs de la globalisation est une particularité bienvenue des managers, est intiment lié aux manques vécus par les gens dans leur plus petite enfance. Qui aurait pensé que la course à l'armement est aussi en relation avec l'impuissance du bébé livré à lui- même dans son petit lit, et dont les cris de déception étaient récompensés par une baffe? Se pourrait-il que la stratégie nucléaire dissuasive soit une tentative de tout prévenir, afin d'éviter de subir une situation d'impuissance comparable au sentiment d'abandon de notre prime enfance? Se pourrait-il que notre chasse au profit, et aux biens de consommation à bon marché qui ont pour corollaire les conditions de travail proches de l'exploitation chez nous comme dans les pays où les salaires sont misérables, soit une compensation d'un manque précoce? Nous sommes prêts à dépenser des milliards pour des armes, alors que nous serrons la vis des dépenses urgentes et indispensables pour aider les mères et leurs enfants. Est-ce qu'il s'agit là de peurs apparues dans la petite enfance qui nous font prendre des décisions pareilles (attisées par des campagnes dans les médias)?

Mon expérience de 20 ans, tout d'abord en tant que participant à un projet pilote pour les jeunes toxicomanes (souvent devenus délinquants), puis comme thérapeute dans le cadre de thérapies de groupes, me fait dire qu'il existe de tels liens. Les enfants qui sont mis à l'écart sont humiliés dans leur dignité humaine. Cette humiliation provoque facilement un affaiblissement du système immunitaire, ou des comportements à risques; il arrive aussi que ces enfants devenus adultes mettent en scène des situations dans lesquelles ils peuvent (inconsciemment) se venger de l'impuissance subie. La première attitude se reflète non seulement dans nos statistiques de maladies et d'accidents, mais encore dans le nombre croissant de personnes souffrant de dépressions, ou qui sont suicidaires. La deuxième se retrouve particulièrement dans la pornographie, les actes de violence et dans la haine de l'étranger. Ce n'est que lorsque nous reconnaissons ces liens profonds et leurs conséquences que nous réalisons la portée de la séparation dans la petite enfance, séparation qui se termine par un cercle vicieux social et politique.

La religion (qui lie à nouveau) aurait dû aider à sortir de ce cercle vicieux. Martin Luther, fondateur de la Réforme, et copiste de la Bible, offre un exemple frappant de cet échec. Dans son intention sans doute louable de protéger sa communauté religieuse contre le mal, il répandit l'opinion selon laquelle les petits enfants doivent tout d'abord apprendre à rester seuls. Il en arriva à la conclusion qu'il fallait les empêcher de pleurer par tous les moyens. Lorsque cela s'avérait impossible, il fallait comprendre qu'il s'agissait d'un enfant supposé (dans les contes de Grimm, un enfant échangé - souvent ensorcelé), qu' il était juste de battre à mort, afin de se protéger du Diable. Des mères crédules ont ainsi abandonné leur enfant, suivant en cela des conseils d'autorités religieuses (dans les siècles précédents, c'était aussi à cause de leur détresse matérielle et sociale, et de l'attention insuffisante portée à l'éducation des enfants). La cause réelle des pleurs du bébé (l'abandon mettant en danger sa vie et le besoin de proximité) n'a jamais été reconnue par des hommes tels que Martin Luther, complètement séparés de leurs sentiments (suite à des blessures dans leur propre enfance). Nous voyons donc comment l'Eglise a été incapable de sortir de cette situation complètement schizophrène.

On trouve cependant une exception à ce drame à Bali, principalement dans les peuples non encore touchés par notre civilisation. Un commandement religieux dit que les bébés ne doivent en aucun cas toucher le sol dans leurs premiers trois mois de vie. Ils sont donc portés par leur mère. Une de mes connaissance s'est rendue sur place, et a été impressionnée par la paix et l'harmonie de ce peuple, et a constaté que si les bébés ne souffrent pas réellement physiquement, ils ne pleurent pas plus de 5 minutes par jour.

Notre société est encore loin de se rendre compte de l'impact de la séparation mère-enfant. Nous avons absolument besoin de faire cette démarche, et de travailler sur notre propre manque, afin de réaliser combien porter les bébés est essentiel. Cela ne signifie pas que les mères doivent se sacrifier. Il s'agit pour les mères de pouvoir être portées socialement, et que la vie sociale soit organisée de façon à ce que les enfants puissent y prendre part. L'être humain est capable naturellement d'unité et d'amour, pour autant que ce don ne soit pas démoli dans l'œuf. Les enfants pourraient nous montrer le chemin vers notre propre enfant intérieur, et vers un monde de paix.

Willi Maurer

Willi Maurer accompagne depuis plus de 20 ans des personnes à la recherche d'eux-mêmes par du travail corporel et du travail sur leurs sentiments. Il enseigne l'Aïkido, en lien avec de la gymnastique méditative.

Internet: http://home.sunrise.ch/maurer

Willi Maurer a décrit ses recherches et ses découvertes en particulier dans le livre "Zugehörigkeit" (288p.à tirage d'auteur, 45.-, que l'on peut commander chez Buch2000, 8912 Obfelden, ou directement chez l'auteur: Willi Maurer, Doné, 6994 Aranno

11 septembre 2010

Portons nos bébés !

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Rita Messmer-Studer, Oberegg 8.2.2001

      

        D'un point de vue physiologique, l'être humain vient au monde prématuré.         Il devrait en fait rester 9 mois de plus dans le ventre maternel pour         pouvoir atteindre un stade d'évolution comparable à celui         des autres mammifères à la naissance.

      

Qu'est-ce que cela signifie pour nous? Nous pouvons nous efforcer d'offrir         au nouveau-né pendant cette période un environnement ressemblant         le plus possible à ce qu'il vivait dans sa vie intra-utérine.         Pour ce faire, l'écharpe à bébé est idéale.         En portant l'enfant dans une écharpe, la maman peut vaquer à         ses occupations ménagères, éventuellement aussi professionnelles,         et le bébé continue à être en mouvement, à         se faire bercer du rythme quotidien qui était déjà         celui d'avant sa naissance.

      

Pour le nourrisson, c'est complètement égal d'être         porté devant, derrière ou de côté. Ce qu'il         désire avant tout, c'est être près de sa mère         (son père), sentir ses mouvements, sa peau, son odeur et sa voix.         Physiquement et accoustiquement, le bébé perçoit         exactement ce que fait sa mère, qu'elle soit en train de faire         la cuisine ou le ménage, ou en train d'étendre son linge.         Il se sent en sécurité et se fait bercer. Ce bien-être         lui permet autant de dormir que d'être réveillé, selon         son besoin.

      

Le nouveau-né recherche à être porté, il en         a besoin. La meilleure manière et aussi la plus sûre pour         lui d'être porté, c'est sur le dos de sa mère. De         cette position, qui lui donne des conditions comparables à l'espace         intra-utérin, il peut faire connaissance en toute tranquillité         et en toute confiance avec le monde qui l'entoure. Il peut s'habituer         petit à petit aux espaces plus vastes et aux distances plus grandes.

      

Les petits enfants qui sont portés de façon quasi ininterrompue         par un adulte développent visiblement un meilleur sentiment corporel.         A force d'être toujours bercé, balancé, le bébé         doit s'adapter en permanence, que ce soit physiquement ou intellectuellement.         Que la mère se penche, qu'elle marche, qu' elle cuisine, toutes         ces activités présupposent du mouvement, des changements         de position auxquels le petit doit s'adapter. Le bébé reçoit         ainsi tout ce dont il a besoin, il se sent bien et comblé, et peut         bien grandir.

      

A cela on peut ajouter que plus l'enfant est certain d' " appartenir         " à sa mère, plus il pourra se séparer d'elle         avec confiance et facilité, peut-être même avec envie,         afin de pouvoir découvrir le monde.

      

La peur primitive, la confiance primitive.

      

Le petit être humain amène une angoisse primitive lorsqu'il         vient au monde. Cette peur a pour raison qu'il est totalement livré         à autrui pour pouvoir survivre et s'épanouir. A part crier         et pleurer, il n'a pas d'autre possibilité d'agir pour sa survie.         Cette peur primitive peut être réduite par l'élaboration         d'une confiance primitive qui se construit d'elle même lorsque le         bébé sait absolument qu'il peut en tout cas compter sur         nous. Le bébé a besoin de proximité, de chaleur,         d'amour et de nourriture. Lorsque cela lui est offert 24h sur 24, sa peur         du début disparaît au profit de la confiance primitive. Etre         porté en permanence contribue donc dans une large mesure, pendant         ces premiers mois, à offrir au bébé ce dont il a         besoin pour se développer sainement. La chaleur, la proximité,         le sentiment d'appartenance, le mouvement (stimulation vestibulaire) et         la stimulation des sens de l'ouïe, du toucher, de l'odorat et de         la vue contribuent aussi à un développement optimal du cerveau.         Le fait de porter le bébé de même qu'une attitude         bienveillante aide aussi à éviter que le bébé         ne souffre des coliques des trois mois et puisse aussi mieux dormir. Il         ressent une sécurité complète, reçoit ainsi         le meilleur des départs possibles pour sa vie, et devient capable         de se développer sans crainte et sans souci, ce qui est tout autant         bénéfique pour la chimie de son cerveau. Si pendant la première         année, et les années suivantes, il n'y a pas de lien positif         établi entre le bébé et une personne de référence,         il arrive dans des cas extrêmes que l'enfant ne puisse plus jamais         développer des relations normales avec les autres personnes, ni         se développer moralement.

      

Après la guerre, un médecin américain a propagé         l'idée de la nécessité de séparer les enfants         de leur mère, sauf pendant les périodes d'allaitement (20         à 30 minutes toutes les 4 heures). Cette attitude a provoqué         une perturbation des relations mère-enfant, comme l'a démontré         une étude du début des années 1970. Les mères         qui avaient le droit de garder leur enfant plusieurs heures par jour auprès         d'elles ont développé un instinct maternel plus puissant         et plus grand. Elle avaient une attitude plus ouverte envers les besoins         de leur bébé, les caressaient davantage, et recherchaient         plus le contact visuel avec lui que les mères du groupe de contrôle.         Même deux ans plus tard, on pouvait encore remarquer des différences         dans la manière des mères de parler avec leur enfant ! Le         ton en général était plus doux, plus affectueux,         et moins lourd d'injonctions.

      

Cette expérience montre à quel point même des petites         interventions à des processus naturels peuvent influencer notre         comportement social, et à quel point la chimie de notre cerveau         réagit sensiblement. Quand des mères adultes sont déjà         tellement conditionnées par l'entourage, on peut s'imaginer comment         cela touche les petits enfants !

      

Le développement neurologique dans de bonnes ou de mauvaises conditions

      

Les influences auxquelles sont exposés les bébés         dans leurs premières semaines et mois de vies terrestre sont déterminantes         pour leur développement neurologique, et donc de leur comportement         futur. On a constaté que le cerveau des enfants qui ne sont que         rarement caressés et peu stimulés à jouer est jusqu'à         30% plus petit que celui d'autres enfants du même âge. Des         expériences ont montré l'influence positive et encourageante         que le sentiment de bien-être apporte, mais on a aussi démontré         que son absence provoque des lésions neurologiques. Ainsi, le maternage         intensif aide le nourrisson à grandir avec un niveau de stress         bas, alors que le stress provoqué par la négligence, la         colère, les insultes, les punitions et les coups touchent le développement         du cerveau et les capacités d'apprentissage. De même, de         petites atteintes, sans notion de violence, mais qui sont provoquées         par la dépression, l'impatience ou l'irritabilité peuvent         avoir des effets sur le cerveau en pleine croissance de l'enfant. Cependant,         cet organe a la prodigieuse capacité de se régénérer,         lorsque les atteintes ne durent pas trop longtemps, ou lorsqu'elles peuvent         être neutralisées par d'autres personnes.
        Si l' alimentation, la chaleur, un sentiment de sécurité         et de confiance sont essentiels pour un développement neurologique         sain, il ne faut pas oublier non plus l'importance d'une attitude positive         et stimulante. En première ligne, il s'agit bien sûr de la         stimulation par le langage. On a ainsi démontré que des         enfants auxquels les parents parlent beaucoup ont un QI plus élevé         que les enfants à qui on adresse moins la parole. Dans la vie des         enfants, une phase extrêmement importante débute avec la         naissance, phase dans laquelle l'enfant est confronté à         des stimuli visuels, acoustiques, langagiers et autres, ce qui lui offre         une base pour son développement futur.
        L'écharpe à bébé offre toutes ces possibilités,         et de manière inégalée. L'enfant ressent la sécurité,         l'amour, ce dont il a tellement besoin pour pouvoir grandir sainement,         physiquement comme psychologiquement, et il peut ainsi construire sa confiance         primitive. Il peut maintenant se consacrer à développer         son cerveau, ce qui signifie pour lui apprendre, apprendre, et apprendre         encore. Ses sens sont stimulés en permanence : il entend, ressent,         sent, et voit, de plus, il est constamment en mouvement, ce qui permet         aux connexions neurologiques de se faire de manière optimale.

      

Le besoin d'être bercé

      

Le mouvement, de même que le fait d'être bercé sont         des besoins naturels. On sait depuis la nuit des temps que rien ne calme         plus facilement un bébé que lorsqu'il est bercé.         On a construit des berceaux magnifiques, mais celui qui est le plus efficace         reste le corps humain. Le nouveau-né est bercé en permanence         lorsqu'il est porté, ce qui influence son développement         physique et neurologique de façon non négligeable. Chacun         sait combien les enfants apprécient le mouvement, combien ils aiment         se balancer, être " envoyés en l'air ". On a constaté         qu'en cas de difficultés d'apprentissage, ou d'échec scolaire,         de simples mouvements peuvent aider à surmonter les difficultés.         Les enfants apprennent mieux et plus rapidement lorsqu'ils bougent en         même temps, se balancent. (Autrefois, on pensait qu'il fallait forcer         les enfants à l'immobilité afin qu'ils puissent se concentrer).       

      

L'importance de la stimulation vestibulaire (par le mouvement) est démontrée         par l'observation faite dans les cultures où les enfants sont portés         par leur mère : ils ne pleurent presque jamais. Si l'on réfléchit         au fait que les enfants sont portés pendant toute leur vie intra-utérine,         on est en droit de se demander si de nombreux bébés ne sont         pas simplement incapables, pendant leurs premiers mois de vie terrestre,         de survivre sans contact corporel et de stimulation vestibulaire. Il se         peut fort bien que dans notre culture, les bébés, couchés         dans leurs petits lits, soient ainsi mis dans une situations non physiologique,         qui mène entre autres à des pleurs.
        En résumé, on peut dire ceci : si le nourrisson et le petit         enfant, grâce à une éducation pleine d'amour, et à         un sentiment de sécurité assuré, peuvent élaborer         une confiance primitive, et ainsi permettre aux connexions neurologiques         de se faire le mieux possible, ils bénéficient alors des         meilleures bases pour pouvoir, plus tard, apporter à leurs semblables         acceptation, tolérance et amour.

      

 

      

Rita Messmer-Studer

      

Cette mère de trois enfants, qui vit avec sa famille dans la région         de St-Gall, est auteur d'ouvrages " Ihr Baby kann's ", et "         Mit kleinen Kindern lernen lernen ", (malheureusement non traduits         en français, ndlt). Elle donne aussi des cours aux jeunes parents,         concernant les questions d'éducation en général et         de massage des bébés, entre autres.

11 septembre 2010

Nécessité du contact physique

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Je suis convaincue, comme le professeur Ashley Montagu bien avant moi, que l'animal - et l'être humain- qu'on a mal caressé ou insuffisamment, est un être insatisfait au niveau émotionnel. On ne considère pas la satisfaction des besoins tactiles comme fondamentale, les besoins fondamentaux étant ceux qu'il faut satisfaire pour que l'organisme survive. Or le besoin de sensations tactiles est fondamental puisqu'il doit être satisfait pour que l'organisme survive. Le sens du toucher est le premier à se développer chez l'humain. C'est à travers sa peau, qui est de loin l'organe sensitif le plus développé à la naissance, que l'enfant met le monde à portée de sa main, au sens propre du terme. A travers la preuve tangible du corps de sa mère il va prendre conscience de son propre corps, ce sera son premier rapport aux choses extérieures. Tous les jeunes mammifères cherchent à maintenir le contact avec leur mère, se pelotonnent et se blotissent contre elle. Différentes expériences malheureuses démontrent la nécessité vitale des contacts physiques pour le bébé.
Ainsi, à l'hôpital Bellevue de New-York, le taux de mortalité infantile des enfants de moins d'un an passa de 30-35 % à moins de 10 % en 1938 après que l'on ait institué un régime de soins maternels incluant portage, maternage, prise dans les bras.
Frédéric II, empereur d'allemagne surnommé à tort "Stupor Mundi", "merveille du monde", voulant savoir quelle langue parleraient les bébés si on ne leur parlait jamais, n'eut jamais de réponse à sa question car tous les enfants mourraient faute d'être dorlotés, la consigné donnée aux nourrices étant de ne jamais leur parler ni de leur procurer de stimulation tactile agréable.
Un enfant peut survivre à la privation sensorielle extrême dans d'autres domaines, comme à l'absence de lumière par exemple, si les stimulations sensorielles de la peau subsistent alors que l'organisme mourrait si l'on cessait totalement de stimuler sa peau. L'expérience nous prouve abondamment que pour tout organisme muni d'une peau, il existe des périodes clés pendant lesquelles il faut stimuler la peau pour que l'organisme se développe normalement, et bien évidemment les jours, les semaines et les mois qui suivent la naissance en font partie.

L'expérience du professeur Harry Harlow menée sur des singes a démontré l'importance du contact physique pour le développement harmonieux du petit. Mis en présence de deux substituts maternels, l'un en lainage, dégageant de la chaleur au moyen d'une ampoule interne, et l'autre en grillage nu, les jeunes singes passaient bien plus de temps au contact du substitut maternel apportant chaleur et douceur qu'auprès du substitut froid et métallique, même lorsque c'est ce dernier qui leur procurait le lait. Cette découverte allait à l'encontre des interprétations qui réduisaient la fonction maternelle à sa dimension alimentaire, ce qui surprit les chercheurs eux-mêmes qui s'attendaient à découvrir que le contact agréable était une donnée de base importante de l'affectivité et de l'amour, mais qui ne pensaient pas que cela occulterait à ce point la fonction de la tétée. Ils en conclurent que la première fonction affective de la tétée est d'assurer un contact fréquent et intime entre les corps de l'enfant et de sa mère. L'homme ne vit pas seulement de lait, et l'amour est un sentiment qu'on ne peut ingurgiter à la cuillère ou au biberon, encore moins sous forme de cachets de vitamines.

En un mot, c'est en étant aimé que l'on apprend l'amour. L'attachement intime de l'enfant à la mère est la source même de nombreuses réponses affectives apprises, puis généralisées. Pour le nouveau-né ou l'enfant, toutes les formes de stimulations cutanées qu'il reçoit sont de la plus grande importance pour le développement harmonieux de son corps et de son comportement. Elles ont aussi probablement des effets essentiels pour le développement d'un mode satisfaisant de relations affectives et émotionnelles. Ne dit-on pas d'un homme aux manières brutes qu'il "manque de tact" ou qu'il est "un ours mal lêché", le lêchage remplaçant le toucher chez les mamifères qui ne peuvent caresser de leur main.

AU COMMENCEMENT ETAIT LA PEAU

par Marie-Thérèse Ribeyron

Au début du siècle, le taux de décès des bébés des orphelinats américains dépassait les 60% jusqu'à ce que quelqu'un suggère qu'on les prenne dans les bras plusieurs fois par jour. C'est ce que raconte Ashley Montagu dans " La peau et le toucher ". À l'hôpital de New York, où ce régime de soins maternels avait été institué, le taux de mortalité des enfants de moins de un an chuta sous les 10%. "L'absence de contact pendant les huit premiers mois de la vie où le système nerveux est le plus réceptif et où les autres modalités sensorielles sont encore insuffisamment développées peut provoquer l'irréparable", constate Arthur Janov, dans " L'amour et l'enfant ".

L'expérience du plein contact
Dès huit semaines, bébé foetus n'a ni yeux ni oreilles, mais il connaît déjà ses premières sensations cutanées. L'ectoderme, la couche la plus externe de l'embryon, devient peau et lui permet d'entrer en contact avec cet univers liquide où il baigne. À huit mois, l'utérus l'enserre. Au neuvième mois, ses vagues l'étreignent régulièrement. Petit foetus vit ses premières amours. "Le stade utérin nous procure l'étreinte la plus complète qui soit, écrit Russ A.Rueger dans The Joy of Touch, l'insertion totale dans le corps d'un autre. Le foetus qui flotte dans l'obscurité connaît alors le nirvana de la chair. Cette expérience marque profondément la psyché, cela ne fait aucun doute."
Puis vient le grand voyage, la plus extraordinaire des aventures. Petit foetus part vers la lumière du jour en soulevant une tempête sur son passage. Il connaît alors d'intenses et violentes étreintes.
Puis le vide, ce choc tactile de la brusque émergence dans le néant. L'anthropologue Margaret Mead parle du "choc de la peau". Bébé est entré dans un nouveau monde qu'il ressentira et vivra comme une merveilleuse symphonie ou comme un désert angoissant, selon qu'il sera touché ou pas.
À la naissance, bébé est tout en peau. Le toucher est le seul sens pleinement développé. "C'est comme si tout son corps était des millions d'yeux, des millions de nez et des millions d'oreilles", explique Odette Lefèvre, une Québécoise qui a fait sa maîtrise en éducation sur la peau et le toucher.
Les récents travaux de Tiffany Fields, du Medical School de l'Université de Miami, ont démontré que le toucher est une nourriture essentielle aux nouveau-nés. Dans 47% des cas, les bébés nés prématurément et massés pendant 15 minutes 3 fois par jour ont pris du poids plus vite que les bébés laissés à eux-mêmes.
Selon diverses recherches, les stimulations tactiles sont nécessaires au développement du système immunitaire, digestif et respiratoire nouveau-né. Le développement du système nerveux du cerveau dépend aussi des stimulations tactiles et les autres sens se développeront d'autant mieux - une vision, une audition, un odorat riches en détails - que la peau aura été bien stimulée.

Toucher pour comprendre
Bébé va construire sa réalité et découvrir monde en le touchant. Mais, d'abord, le monde devra le toucher. Seule sa peau le renseigne le monde extérieur, lui dit s'il est en danger, lui fait savoir si sa mère l'aime ou ne l'aime pas.
L'enfant obéit à son instinct d'aller vers l'inconnu pour autant que le connu lui est assuré. Lorsqu'il part explorer en rampant, il revient régulièrement téter un sein ou se faire prendre. Mais si le connu lui fait défaut, aussitôt surgit l'angoisse. L'enfant ne prend plus le risque de s'aventurer à l'extérieur. Il réduit ses explorations sensorielles. L'angoisse paralyse le développement de l'intelligence chez l'enfant, explique J.C. Pearce, auteur de L'enfant magique. "L'enfant non touché aura un problème relationnel, ajoute Ashley Montagu. Il n'aura pas sa première "relation amoureuse." Odette Lefèvre a eu l'occasion de le vérifier lorsqu'elle a massé des enfants autistiques à l'hôpital Rivière-des-Prairies dans le cadre de son mémoire de maîtrise en 1986.
Après qu'elle eût touché et massé quatre enfants de cinq à huit ans, une heure par jour, chacun pendant quatre mois, l'un a commencé à parler, les autres ont établi leur premier contact oculaires et entrepris des jeux interactifs.
"C'était des enfants mal aimés, dit-elle. Mal aimés parce qu'ils n'avaient pas été touchés. Le toucher étant le premier mode de communication, le premier langage, en les touchant, ils ont commencé à établir des relations."
Harry Harlow, un des pionniers de la recherche sur la privation de contacts physiques, a mené une expérience avec des bébés rhésus. Ceux avaient eu pour mère des poupées de chiffon fonctionnaient mieux que ceux dont les mères étaient faites de fil de fer. Les petits rhésus se blottissaient contre leur maman de chiffon douce et chaude, même lorsque la nourriture leur venait de la froide maman en fil de fer.

Dans Le cri primal, Arthur Janov dit: "Un environnement chaleureux plus tard dans la vie ne fait pas disparaître les premiers traumatismes. L'absence de toucher au début de la vie crée une surcharge de peur qui se transforme en angoisse latente." "J'ai revécu en primal l'abandon du corps maternel qui me laissait seul dans le désert et l'angoisse totale pendant les quatre heures entre les tétées prescrites. Je pleurais, je hurlais ma peur, mon angoisse, ma terreur. Si on ne venait pas, j'allais mourir. Personne ne répondait. Je hurlais, hoquetais jusqu'à ce que épuisée, je me réfugie dans le sommeil où au moins j'étais à l'abri", raconte Jeanne.
Dans The Betrayal of the Body, Alexandre Lowen relie la schizophrénie à l'échec d'une stimulation tactile précoce. La sensation d'identité vient de la sensation du contact avec le corps. Si cette sensation manque, l'individu ne sait pas ce qu'il sent, ne sait pas ce qu'il est. Et la perte de contact avec le corps aboutit à la perte de contact avec la réalité.

Marcelle Geber a observé pendant un an les nouveau-nés de l'Ouganda. Portés par maman, ces enfants rampent facilement à six ou sept semaines et récupèrent des objets en courant à six ou sept mois.
L'enfant nord-américain accomplit le premier exploit à six ou sept mois et le deuxième, à 15 ou 18 mois. Marcelle Geber a aussi constaté que les petits Ougandais étaient moins précoces à mesure que notre approche scientifique envahissait la culture ougandaise.

Dès le début du siècle, la pensée pédiatrique s'est laissé pervertir par le mouvement behavioriste pour qui chaque preuve d'amour ou chaque contact physique rendait l'enfant trop dépendant de ses parents. Prendre les enfants dans ses bras risque de les gâter, clamait-on du haut de la chaire scientifique.
Des millions de mères de bonne foi ont obéi aux spécialistes qui savaient tellement mieux qu'elles ce dont leur bébé avait besoin.
Avec l'avènement des pouponnières, les bébés sont séparés du corps de leur mère dès la naissance, forcés à téter un bout de plastique amorphe, emprisonnés dans d'horribles jolis pyjamas qui ne libèrent que les mains et la tête et isolés dans une chambre durant leur sommeil. "S'endormir au contact d'un autre est un besoin fondamental pour l'enfant", affirme Anne Freud. Le jour s'ajoute la panoplie du kit du parfait bébé: poussette chromée, balançoire mécanique et chaise inclinable remplacent le corps doux et chaud de maman. Même les enfants allaités ne peuvent jouir du sein et du corps de leur mère. Quand ils ne prennent pas leur lait en "popsicle" dégelé dans un biberon, le sein leur est interdit par un soutien-gorge d'allaitement qui ne laisse que le mamelon à leur portée.

Malheureusement, la libération des femmes a aussi prêché la rupture précoce du lien mère-enfant. Les bébés se retrouvent en garderies où les monitrices et moniteurs n'ont pas le temps de prodiguer les caresses si nécessaires.
De plus en plus d'enfants souffrent de problèmes de peau. " Mal touchés. Mal portés, mal portants, mal menés, mal aimés ", écrit Frédérick Leboyer dans Shantala, un art traditionnel, le massage des enfants. Plutôt que de traiter leur eczéma avec des pommades, des médecins avertis les guérissent en nourrissant leur peau avec des massages, apportant ainsi les stimulations qui ont manqué au départ...
Les anthropologues et les voyageurs se sont toujours étonnés de ne jamais entendre de pleurs d'enfants chez les autochtones du Grand Nord, les Amérindiens, aux Indes, à Bali et dans toutes les sociétés où les bébés sont portés constamment contre la mère. Celle-ci allaite son bébé sur demande, le garde accroché au sein ou dans ses bras, le couche avec elle jusqu'à ce qu'il décide de partir explorer le vaste monde.
Leur besoin de contact satisfait, les bébés n'ont pas besoin de signaler leur désarroi et leur détresse par des cris. En grandissant, ces enfants ne restent pas collés à leur mère, ne pleurent pas avant de s'endormir. Ils sont capables d'entrer en véritable relation avec les autres. Ce sont les enfants magiques décrits par J. C. Pearce. Heureux enfants qui ont vécu pleinement dans leur peau leur première relation amoureuse!

Cet article est paru dans le Guide Ressources, vol.7, no. 4, 1991.

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11 septembre 2010

L'allaitement maternel ... longtemps irremplaçable

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Pendant les millénaires qui ont précédé ce vingtième siècle qui s'achève à peine, les petits de l'homme étaient nourris de lait maternel ou ne vivaient pas. Dans toutes les cultures et dans toutes les régions du monde, les enfants étaient allaités au moins deux ans. L'introduction des solides se faisait bien avant, sans pour autant sonner le glas de l'allaitement. Pendant très longtemps, les tentatives de nourrissage des bébés avec d'autres laits animaux se soldaient par leur mort. Néanmoins, de tous temps et dans toutes les cultures aussi, on retrouve une pratique fréquente, celle du recours à une autre femme allaitante. Cela va de la femme africaine vivant en communauté tribale qui peut laisser son enfant à une autre femme, quelques heures ou bien plus selon les necessités, aux femmes occidentales des classes sociales élevées qui laissaient à une nourrice le soin d'allaiter l'enfant, et ce au-moins depuis l'Antiquité.

Avec l'avènement de l'ère industrielle, le recours aux nourrices prit une autre dimension et toucha les femmes de rangs inférieurs qui devaient se séparer de leur enfant pour travailler dans les fabriques. Ce fut le début des nourrices au loin qui accueillaient l'enfant chez elles, parmi de nombreux autres, à des centaines de kilomètres de la mère, l'en privant environ deux années. La mortalité qui découlait de cette pratique (les 2/3 des enfants décèdaient) activa sans doute la recherche dans la mise au point de substituts fiables du lait maternel.

Les progrès apportés par la découverte de l'aseptie et de la pasteurisation permirent enfin de nourrir les bébés avec des laits animaux. Cela incita des hommes comme Henri Nestlé à concevoir et fabriquer en usine des laits en poudre à base de lait de vache, capables de nourrir les bébés, lançant ainsi l'une des plus belles réussites industrielles actuelles. D'autres se lançèrent, avec plus ou moins de succès, dans la mise au point et la fabrication de biberons employant les dernières avancées techniques.

11 septembre 2010

Comment le déroulement physiologique de la naissance est sans cesse perturbé

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L'accouchement en hôpital ou clinique s'accompagne d'une absence d'intimité, qui est pourtant un besoin fondamental de la femme (et de la femelle) qui accouche. Naturellement, celle-ci recherchera un espace clos, familier, pas trop grand, avec peu de lumière, de bruit et de monde autour d'elle. Elle a aussi besoin de connaître la personne qui va l'assister (ce qui n'est pas toujours possible) et c'est pourquoi le va et vient dans la salle de travail de personnes inconnues pratiquant des gestes intrusifs l'empêchent de se sentir rassurée.

Le déclenchement de l'accouchement au moyen d'une perfusion d'ocytocine synthétique est de plus en plus fréquent : 20,3 % en moyenne en 1998 (alors que l'OMS recommande un taux < à 10 %), contre 15,5 % en 1991, 10,4 % en 1981 et 8,5 % en 1972. Pourtant, selon l'avis même du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français, on observe en cas de déclenchement "des contractions plus intenses et douloureuses, une utilisation plus fréquente du forceps" et une augmentation "de plus de 50 % du risque de césarienne dans le cas d'un premier accouchement", ce qui en fait "un geste médical sans bénéfice médical prouvé". Le déclenchement c'est aussi et surtout plus de risque de souffrance foetale pour le bébé qui se trouve "expulsé" de l'utérus maternel sous l'intensité de contractions qu'il n'a pas lui-même déclenché.

La péridurale, pratiquée dans 58 % des accouchements en France en 1998 n'a pas que des avantages. Conséquence directe du déclenchement en raison de l'intensité douloureuse des contractions qu'il provoque, elle a d'autres conséquences sur le déroulement du travail. Elle oblige la femme à rester immobile et couchée, ce qui empêche l'adoption de positions d'accouchement plus physiologiques ; elle peut entraîner une chute importante des contractions, en terme de quantité et de qualité ; et être à l'origine d'une baisse de tension. L'expulsion du bébé peut être rendue difficile s'il s'engage mal dans un bassin dont la mobilité est réduite et l'emploi de forceps ou ventouses sera plus fréquent si les sensations ressenties par la maman sont trop diminuées au moment de la poussée. Elle peut avoir des ratés (un seul côté endormi) et des effets secondaires pour la maman (maux de tête invalidants). Pour finir, plusieurs études ont montré un effet sur la capacité de succion du bébé qui peut avoir des conséquences sur le démarrage de l'allaitement.
Selon une étude, sur 1 692 accouchements qui se sont déroulés entre 1991 et 1994, on obtenait :

                             
 

 

 
 

Césariennes

 
 

Episiotomies

 
 

Forceps

 
 

Allaitement

 
 

Sans péridurale

 
 

11,64 %

 
 

15,06 %

 
 

2,48 %

 
 

75 %

 
 

Avec péridurale

 
 

24,87 %

 
 

47,06 %

 
 

16,04 %

 
 

58 %

 

 



La position d'accouchement imposée en salle de travail : couchée sur le dos, les pieds relevés dans les étriers est anti-physiologique. Elle oblige le bébé à "monter une côte" pour sortir, faisant fi de la pesanteur qui favorise pourtant la rotation de sa tête. Elle provoque douleurs dans les reins, le poids du bébé pesant sur la colonne vertébrale de sa mère, et perturbe les échanges sanguins et respiratoires vers l'utérus et le placenta augmentant ainsi le risque de souffrance foetale. En situation physiologique, les femmes prennent des positions tout à fait différentes (à quatre pattes, accroupie, assise soutenue sous les bras, debout accrochée à une corde...) et ressentent le besoin de se verticaliser au moment de l'expulsion.

En France, en moyenne, l'épisiotomie est pratiquée dans 60 % des accouchements (100 % dans certains établissements), contre 30 % en Angleterre et 6 % en Suède. L'OMS recommande un taux maximal de 20 %. Aucune étude n'a prouvée un effet bénéfique de l'épisiotomie sur les trois indications qui la justifient pourtant : prévention des déchirures du périnée -dont elle accroît au contraire la fréquence-, prévention des incontinences urinaires ou anales et des prolapsus (ou descentes d'organes). En revanche ses inconvénients sont nombreux : lors de l'accouchement, plus de pertes de sang ; à court terme en post-partum, plus de douleur limitant le choix de positions d'allaitement ; à long terme, risque de mauvaise cicatrisation et de lésions du sphincter anal, douleurs lors des rapports sexuels pouvant perdurer de long mois. Une déchirure spontanée du périnée survient rarement s'il a été préparé pendant la grossesse (par le yoga par exemple), s'il est massé pendant l'accouchement, si la mère prend prend une position qui lui est favorable et effectue les poussées sur des expirations contrôlées et non en bloquant sa respiration. Une déchirure spontanée est de toute façon préférable à une épisiotomie car elle saigne moins, cicatrise mieux et entraîne moins de séquelles et de douleurs post-partum.

           
 

1981

 
 

1995

 
 

1998

 
 

10,9 %

 
 

15,9 %

 
 

17,5 %

 

Les taux de césarienne révélés par les trois enquêtes périnatales montrent bien l'hypermédicalisation croissante des accouchements en France :

Pourtant la césarienne n'est pas un accouchement banal, mais une intervention chirurgicale aux suites douloureuses, avec des risques de complication pour la mère et pour le bébé, qui laisse bien souvent un vécu personnel dramatique aux femmes qui l'ont subie. Trop souvent pratiquées d'office (2 fois sur 3) en cas de précédente césarienne, elle sont très souvent la conséquence des perturbations de la physiologie naturelle de l'accouchement et le résultat de protocoles médicaux qui ne prennent pas le temps de laisser les choses se faire.

11 septembre 2010

Les mécanismes en jeu lors d'un accouchement physiologique

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Pour mettre un enfant au monde, la femme doit libérer un cocktail d'hormones C'est la partie primitive de son cerveau, constitué des structures cérébrales anciennes (hypothalamus, hypophyse) que nous partageons avec l'ensemble des mammifères, qui produit ces hormones. A l'inverse, la partie "récente" du cerveau, si développée chez les humains, appelée le néo-cortex, constitue un frein au déroulement physiologique de l'accouchement par les inhibitions qu'il génère lorsqu'il est stimulé. Pour accoucher physiologiquement, la femme a donc besoin d'être à l'abri des stimulations de son néo-cortex, qui sont provoquées par le langage, la lumière forte, le fait de se sentir observé, le fait de ne pas se sentir en sécurité.

L'ocytocine est l'hormone de l'amour, libérée pendant l'accouplement par les deux partenaires, par la mère juste après la naissance en réaction au signal du bébé, mais aussi lorsque nous partageons un repas avec d'autres compagnons. Elle joue aussi un rôle dans la reproduction, en provoquant des contractions utérines qui facilitent le transport des spermatozoïdes vers l'ovule.

La prolactine est l'hormone du maternage, impliquée dans la construction du nid et dans les comportement protecteurs envers son bébé et agressifs envers les autres, de la femelle qui allaite. Elle est l'hormone nécessaire à l'initiation et au maintien de la lactation.

Les endorphines sont notre système de récompense. Lorsque nous faisons quelquechose qui est nécessaire à la survie de l'espèce, nous secrétons ces hormones proches de la morphine, à la fois hormones du plaisir et hormones anti-douleurs. Les endorphines sont ainsi secrétées pendant les rapports sexuels, nous encourageant ainsi à nous accoupler pour la survie de l'espèce. Tous les mammifères se protègent de la douleur pendant l'accouchement en élevant leur taux d'endorphines. Le foetus secrète lui aussi ses propres endorphines pendant l'accouchement, de sorte qu'à la naissance, mère et bébé sont encore sous l'effet de ces opiacés naturels qui permettent le début d'une dépendance et d'un attachement de l'un à l'autre. Après la naissance, quand le bébé tète, le taux d'endorphines de la mère passe par un maximum après une vingtaine de minutes d'allaitement, la récompensant elle et son bébé, et les plongeant l'un et l'autre dans un état de bien-être profond.

Les hormones de l'adrénaline sont à l'inverse celles qui provoquent l'inhibition lors des différents épisodes de la vie sexuelle et reproductrice. Elles sont mises en jeu quand la survie de l'individu est menacée et passe en priorité devant la survie de l'espèce. Voilà pourquoi on ne peut pas faire l'amour quand on est en danger, et pourquoi un accouchement ne peut pas progresser quand la mère est angoissée. Les freins néocorticaux, plus puissants chez les humains que chez tout autre mammifère, provoquent ces inhibitions, rendant notre espèce particulièrement vulnérable lors des différentes étapes de la vie sexuelle que sont l'accouplement, l'accouchement et l'allaitement.

Jusqu'à une époque récente, une femme ne pouvait pas avoir de bébé sans secréter ce cocktail complexe d'hormones de l'amour. Or aujourd'hui, pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, la plupart des femmes des pays industrialisés deviennent mères sans s'imprégner de telles hormones. On peut s'interroger sur l'avenir d'une civilisation née dans de telles conditions...

11 septembre 2010

L'EFFET NOCEBO DES CONSULTATIONS PRENATALES

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par Michel Odent

Michel Odent fut le premier à avoir introduit en milieu hospitalier (à Pithiviers), les concepts avant-gardistes autour de l'accouchement, qui ont fait des émules depuis... salles de naissance comme à la maison, piscine d'accouchement, maternité chantante. Il est aujourd'hui, à Londres, le fondateur de "Primal Health Research Centre" qui travaille sur les conséquences à long terme de ce qui se passe dans la période qui entoure la naissance. Auteur de nombreux livres publiés en 20 langues, le dernier "The Scientification of Love", est maintenant disponible en français : présentation.

L'effet nocebo possible des consultations prénatales est un sujet qui prend une importance toute particulière à notre époque. Au cours de ces dix dernières années, nous avons appris que la santé se construit dans une grande mesure pendant la vie foetale. Pour s'en convaincre, il suffit de consulter notre banque de données*. On y trouve des centaines de références et résumés d'articles publiés dans des journaux médicaux et scientifiques qui font autorité. Il s'agit uniquement de recherches sur les conséquences à long terme de ce qui se passe au début de la vie. Dans tous les domaines de la médecine ont été publiées des études établissant des corrélations entre un état de santé à l'âge adulte, pendant l'adolescence ou l'enfance d'une pari, et ce qui s'est passé quand la mère était enceinte d'autre part. Bien plus encore, les physiologistes sont aujourd'hui en mesure d'expliquer comment certains états émotionnels de la femme enceinte peuvent influencer la croissance et le développement du bébé dans l'utérus.
Dans un tel contexte scientifique, il est permis d'affirmer que le bien être des femmes enceintes devrait l'emporter sur toute autre considération... Cela devrait être la priorité en matière de santé publique. Pour les praticiens, le premier devoir devrait être de protéger l'état émotionnel des femmes enceintes. Or, l'expérience révèle que les consultations prénatales sont souvent génératrices d'angoisse. Elles ont souvent un "effet nocebo". Nous connaissons tous des femmes enceintes qui ont cessé d'être parfaitement heureuses après une consultation prénatale.

DE MON POSTE D'OBSERVATION

Il se trouve qu'à Londres, nombre de sages-femmes indépendantes, d'éducatrices de la naissance et de doulas (une doula est une mère ou une grand-mère expérimentée qui accompagne la jeune mère dans la période qui entoure naissance) connaissent mon numéro de téléphone et le transmettent aux femmes dont l'angoisse a été exacerbée par une consultation prénatale. Je suis donc dans une situation propice l'étude de l'effet nocebo. Mon expérience dans ce domaine m'a appris que, dans le contexte Londres, ce sont presque toujours les mêmes situations qui justifient des appels téléphoniques urgents. Ainsi, j'ai réalisé qu'à l'origine d'un véritable effet nocebo, il y a presque toujours une méconnaissance profonde de la littérature médicale. Mon rôle se limite le plus souvent à rassurer, en m'appuyant sur des études publiées dans des journaux qui font autorité. Voici quelques exemples fréquents d'appels de futures mamans angoissées.

"MON TAUX D'HÉMOGLOBINE EST DE 9 : JE SUIS ANÉMIQUE."

Rappelons que l'hémoglobine est le pigment des globules rouges. Quand une femme a un taux d'hémoglobine d'environ 9.0 ou 9.5 à la fin de sa grossesse, on lui dit, le plus souvent à tort, qu'elle est anémique et on lui donne des suppléments de fer. Or, dire à une future mère en parfaite santé qu'elle a besoin d'une prescription de fer pour corriger des déséquilibres dans son organisme, c'est altérer, et parfois profondément, son état émotionnel. Une telle attitude témoigne bien d'une méconnaissance de la littérature médicale. Une énorme étude britannique, disposant des dossiers concernant la naissance de plus de 150 000 bébés, s'était fixé pour objectif d'évaluer les taux idéaux d'hémoglobine en cours de grossesse (1). La principale conclusion de cette étude est qu'un taux de l'ordre de 9.0 ou 9.5 va de pair avec un bon pronostic. Par contre, lorsque l'organisme maternel répond mal à la demande du foetus et du placenta et ne parvient pas à abaisser son taux d'hémoglobine en dessous de 10.5, c'est mauvais signe. Les risques de prématurité, de poids insuffisant à la naissance ou de maladies de fin de grossesse (telles que les pré-éclampsies) sont accrus. D'autres études épidémiologiques ont abouti à des conclusions voisines (2,3)

Bien que de telles données aient été publiées dans des journaux d'audience internationale, partout dans le monde des millions de femmes sont déclarées anémiques et reçoivent des prescriptions de fer, alors même que les tests spécifiques susceptibles de déceler les carences en fer et les anémies n'ont pas été demandés. L'incapacité à interpréter les résultats d'un test aussi répandu que la mesure du taux d'hémoglobine chez les femmes enceintes est un phénomène troublant parce qu'il est quasi universel. On m'a conté l'histoire d'une Japonaise qui a passé la première moitié de sa grossesse à Londres, avant de repartir à Tokyo. Une de ses amies européennes, mère de quatre enfants, l'avait avertie longtemps à l'avance qu'en fin de grossesse, on lui dirait qu'elle est anémique et on lui donnerait du fer. La fin de l'histoire, qui s'est passée à l'autre bout du monde, est facile à deviner : on lui a donné des suppléments de fer. Le phénomène n'est pas seulement répandu d'un point de vue géographique. Il est aussi répandu quel que soit le milieu médical considéré. Une équipe renommée d'épidémiologistes spécialisés dans la période qui entoure la naissance a publié une étude sur cette phase de l'accouchement qui va de la naissance du bébé à la délivrance du placenta. Afin de limiter leur étude aux grossesses à bas risque, les chercheurs ont éliminé toutes les femmes dont les taux d'hémoglobine étalent inférieurs à 10 (4). Finalement, le taux moyen dans la population étudiée était de 11.1. L'occasion m'a été ensuite donnée de souligner les points faibles de cette étude (5) qui, en réalité, a inclus nombre de grossesses à risques.

Ce mystérieux phénomène collectif a pour véritable origine un profond désintérêt pour les fonctions du placenta. L'un des rôles du placenta est de constamment manipuler la physiologie maternelle pour le bénéfice du foetus. Le placenta "parle" à l'organisme maternel au moyen d'hormones. Il joue le rôle de l'avocat du bébé. Ainsi le placenta "demande" à la mère de diluer son sang et ainsi de le rendre plus fluide. Il en résulte une augmentation du volume sanguin qui peut atteindre 40%. Ceci explique que lorsqu'on mesure, dans le sang d'une femme enceinte, la concentration d'une substance telle que l'hémoglobine, on évalue avant tout le processus de dilution, c'est à dire l'activité du placenta. Il est aisément prévisible que cette concentration, qui est de l'ordre de 12 à 13 (g/dl) en dehors de la grossesse, s'abaissera chez la femme enceinte en fonction du degré de dilution du sang. Voici ce que disent des praticiens avertis à une femme enceinte dont le taux d'hémoglobine est de 9.0 ou 9.5 : "Bonne nouvelle ! Le placenta fait bien son travail et votre sang est convenablement dilué".

"JE SUIS DIABÉTIQUE!"

C'est la deuxième phrase type prononcée par beaucoup de femmes enceintes. De nombreux praticiens ne réalisent pas à quel point l'expression "diabète gestationnel" peut avoir un effet nocebo. Un tel diagnostic conduit à confondre une sérieuse maladie chronique avec ce qui n'est habituellement qu'une réaction physiologique transitoire. Il peut du jour au demain installer dans la maladie une femme qui était auparavant heureuse et se sentait en parfaite santé. De nombreux médecins ont souligné que ce diagnostic est inutile. On a d'ailleurs pu dire que le diabète gestationnel est un "diagnostic à la recherche d'une maladie". Le Professeur Jarrett, de Londres, dit que c'est une "non-entité" (6). Une étude très importante, à l'échelle de la population canadienne, a révélé que le recours systématique aux tests destinés à déceler des diabètes gestationnels n'améliore en aucune façon les statistiques (7) et n'a donc aucune raison d'être. Le diagnostique est inutile dans la mesure où les seules recommandations pratiques qu'il entraîne habituellement sont d'éviter les sucres purs (boissons sucrées, bonbons, etc.) de préférer les hydrates de carbones complexes (pâtes, pain, riz, etc.) et aussi d'avoir une activité physique régulière. Pas besoin de tests compliqués pour aboutir à de telles recommandations, qui sont d'ailleurs valables pour toutes les femmes enceintes.

Là encore il y a une discordance entre les données publiées dans la littérature médicale et les pratiques quotidiennes. Là encore cette discordance a pour origine profonde un désintérêt quasi culturel pour les fonctions du placenta. Le placenta fait savoir à la mère que le bébé en développement a besoin de plus de sucre. En d'autres termes, il demande à l'organisme maternel de modifier son métabolisme des hydrates de carbone. Exceptionnellement, le conflit peut aboutir à une véritable maladie. Dans l'immense majorité des cas, , la réponse de l'organisme maternel à la demande du placenta ne dépasse pas le cadre des réactions physiologiques. L'organisme maternel contrôle la situation. Il n'y a pas de symptômes. Seul un test de laboratoire qui consiste à donner artificiellement à la mère un excès de sucre permet de déceler une augmentation inhabituelle du taux de glucose sanguin (c'est ce que les médecins appellent une hyperglycémie provoquée).

"ON M'A PRESCRIT UN MÉDICAMENT POUR ABAISSER MA PRESSION ARTÉRIELLE"

C'est mon troisième exemple, tout aussi courant. Il est très fréquent que le placenta demande simplement à la mère d'envoyer plus de sang. Alors, l'organisme maternel augmente sa pression artérielle. Les résultats de toute une série d'études sont convergents, qui confirment qu'une augmentation isolée de la pression artérielle en cours de grossesse va de pair avec de bonnes statistiques (8,9,10,11) Malheureusement, de nombreux praticiens présentent la simple augmentation de la pression artérielle en cours de grossesse comme une mauvaise nouvelle. Ils la considèrent même parfois comme une maladie qu'il faut traiter par des médicaments. Une revue de 45 études publiées a révélé que les seuls effets d'un traitement anti-hypertensif pendant la grossesse étaient d'inhiber la croissance du foetus et d'augmenter le nombre de bébés de petit poids (12). Les praticiens qui s'intéressent à la physiologie du placenta étaient en mesure d'anticiper les dangers de tels traitements. Beaucoup confondent l'hypertension isolée de la grossesse avec cette maladie qu'est la pré-éclampsie. Certes lors d'une pré-éclampsie, il y a une augmentation de la pression artérielle, mais il y a aussi des protéines dans les urines et un certain nombre de perturbations métaboliques. Par comparaison, on pourrait dire que lorsqu'on a une tumeur au cerveau, on a mal à la tête mais que lorsqu'on a mal à la tête, cela ne signifie pas que l'on a une tumeur au cerveau...

De nombreux autres exemples pourraient rendre compte de l'ampleur de ce phénomène inquiétant et quasi universel. J'ai simplement cherché à analyser les situations les plus fréquentes et les plus préoccupantes. Il ne faudrait cependant pas conclure que les professionnels de la santé jouent constamment un rôle négatif sur l'état émotionnel des femmes enceintes. Ils peuvent même avoir directement ou indirectement un effet positif. Je ne puis m'empêcher de penser au temps où la maternité de Pithiviers était "la maternité chantante". A la fin de nos groupes de chant - qui se terminaient souvent en groupes dansants - les visages étaient rayonnants. Nous faisions plus pour la croissance et le développement des bébés à naître qu'en multipliant les échographies....

Références :

1 Steer P, Alam MA, Wadsworth J, Welch A. Relation between maternal haemoglobin concentration and birth weight in different ethnic groups. BMJ 1995; 310:489-91 - 2 Koller O, Sandvei R, Sagen N. High hemoglobin levels during pregnancy and fetal risk. int J Gynaecol Obstet 1980; 18:53-56. -3 Garn SM, et al. Maternal hematologic levels and pregnancy outcome. Semin Perinatol 1981; 5:155-62. - 4 Rogers J, Wood J, et al. Active versus expectant management of third stage of labour: the Hinchingbrooke randomised controlled trial. Lancet 1998 351: 693-99. - 5 Odent M. Active versus expectant management of third stage of labour Lancet 1998; 351:1659. - 6 Jarrett RJ. Gestational diabetes : a non-entity ? BMJ 1993; n306: 37-38. - 7 Wen SW, Liu S, Kramer MS, et al. impact of prenatal glucose screening on the diagnosis of gestational diabetes and on pregnancy outcomes. Arn J Epidemiol 2000; 152(11): 1009-14. - 8 Symonds EM. Aetiology of pre-eclampsia : a review. JR Soc Med 1980; 73: 871-75. - 9 Naeye EM, Maternal blood pressure and feral growth. Am J Obstet Gynecol 1981; 141: 780-87. - 10 Kilpatrick S. Unlike pre-eclampsia, gestational hypertension is not associated with increased neonatal and maternal morbidity except abruptio. SPO abstracts. Am J Obstet Gynecol 1995 ; 419: 376. - 11 Curtis S, et al. Pregnancy effects of non-proteinuric gestational hypertension, SPO Abstracts. Am J Obst Gynecol 1995 ; 418 : 376. - 12 Von Dadelszen P, Ornstein MP, et al. Fall in mean

 

11 septembre 2010

Deux manières d'entrevoir la naissance

femme_enceinte_grossesse

La première consiste à considérer la grossesse comme une situation à risque nécessitant un maximum de surveillance et l'accouchement comme l'extraction du foetus du ventre maternel.
La deuxième consiste à voir la grossesse et la naissance comme une suite de processus physiologiques qui se passent le plus souvent normalement et qu'il est inutile de perturber.

Dans le premier cas, la mère est un sujet passif de son accouchement, mené par le corps médical. La future maman est soumise à un protocole hospitalier qui définit des règles pour la surveillance de la grossesse et le déroulement de l'accouchement, incluant généralement de nombreux examens et la mutiplication des échographies qui sont source d'angoisse, le déclenchement de l'accouchement impliquant perfusion d'ocytocine, immobilisation de la mère, recours plus fréquent à la péridurale, aux forceps, aux césariennes. Enfin, à sa naissance, le bébé est alors soumis à une batterie de soins et examens servant à vérifier "que tout va bien"...
Dans le deuxième cas, la mère est actrice de son accouchement. La surveillance de sa grossesse est effectuée le plus généralement par une sage-femme. Son accouchement se déroule de manière physiologique, sans déclenchement, en maison de naissance ou à domicile, avec l'aide d'une sage-femme ou d'une doula, prête à réagir s'il le faut, au cas par cas et à ne rien faire si rien ne l'exige comme dans 90 % des accouchements.

Madeleine Akrich (sociologue française) et Bernike Pasveer (sociologue hollandaise) ont écrit dans "Comment la naissance vient aux femmes - les techniques de l'accouchement en France et aux Pays-Bas" : "Nous nous demandions comment il était possible qu'existent en cette fin de XXème siècle deux formes d'organisation aussi contrastées, dans lesquelles l'utilisation des techniques soit si inégale, et qui conduisent à des performances en terme de mortalité et de morbidité, sinon équivalentes, du moins voisines, les meilleurs résultats étant d'ailleurs plutôt du côté des solutions les moins instrumentées". Leur conclusion est que la différence entre les deux systèmes est qu'aux Pays-Bas grossesse et accouchement "sont à priori normaux et ne doivent faire l'objet d'une prise en charge médicale que dans des cas bien spécifiés, alors qu'en France, ils ne peuvent être qualifiés de normaux qu'a posteriori".

Texte               écrit d'après "Pour une naissance à visage               humain" de Claude Dididerjeau-Jouveau et "L'amour scientifié"               de Michel Odent, aux Editions Jouvence

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